Une petite chasse au Mayan. Voilà bien longtemps que Duncan ne s’en était pas offert une. Ce soir là, après une réunion dans la chapelle, il avait enfourché sa Fat boy et était partit avec Bobby et Juice direction Oakland. Après recherches du secrétaire, ils étaient parvenus à trouver le type que le président recherchait, un certain Benito qui dealait aux alentours du Lake Merrit en ce moment. Cet empafé avait vendu sa saloperie à Kim… Première erreur… Et il lui avait vendu beaucoup trop près des frontières de Charming… Seconde erreur. Duncan allait lui offrir une petite leçon et chercherait également à en savoir plus sur les plans d’Alvarez et cette alliance avec les fachos. En tout cas, il venait surtout lui faire payer d’avoir vendu de la came à son officielle. Les trois Sons tracèrent la route sur leurs harleys et arrivèrent en début de nuit à Oakland, sans escale jusqu’à la fameuse zone où le dealer était censé opérer.

Le président et ces hommes coupèrent leurs moteurs non loin du lac et se garèrent à bonne distance, chevauchant leurs cylindrées avant que Duncan ne donne ces consignes. Il le chercherait seul. Bobby et Juice le surveilleraient à distance juste au cas où. Retirant son blouson pour se mettre en simple habits de civil et ne pas attirer l’attention du Mayan qui sentirait tout de suite le coup fourré à la vue de la faucheuse, l’homme le confia à Bobby et partit en premier vers les bords du lac. Mains dans les poches, tête baissée pour ajouter un peu plus de crédibilité à l’apparence d’un camé, il marcha un bon quart d’heure à la recherche d’un type louche qui serait posté comme un revendeur et aperçu finalement une silhouette immobile. En se rapprochant, il pu distinguer son faciès de latino mais… Ce type n’avait pourtant rien d’un dealer. Frêle et bien soigné, il donnait plus l’apparence de pouvoir se faire dépouillé par le premier zombi venu qu’autre chose.

Enfin… Duncan n’allait pas se fier aux apparences. Il avait connu des fils de fer bien plus difficile à plier que des vraies montagnes de muscles. Il partait du principe que ce Benito – si toutefois c’était bien lui – était armé et donc forcément dangereux bien que le président ait lui aussi évidemment son glock caché dans son dos sous son t-shirt. Heureusement, les bords de ce lac était déserts à cette heure-ci de la nuit et le mexicain était posté dans un coin isolé vers lequel le Son s’avança avec cette même posture baisée pour arriver à son niveau où il lui rendait toujours deux têtes.

« Hey… » lui glissa-t-il une fois arrivée en face de lui avant de se mettre à renifler brièvement, comme si le manque de poudre commençait à lui chatouiller les narines. « T’as du matos pour moi mon frère ? »

Duncan avait connu et observé suffisamment de camés pour connaître leurs tics par cœur. Bon imitateur, il le laisserait se prendre à son jeu acteur avant d’être certain qu’il avait bien à faire au bon type. Pas que tabasser un mexicain sans raison, par erreur, l’emmerderait mais autant s’éviter des efforts inutiles si il devait continuer à chercher ce Benito ailleurs.

Trouver un dealer n’était pas toujours chose facile, surtout lorsqu’on avait pas l’habitude d’en fréquenter. Duncan avait usé de ces contacts et des renseignements de Bobby pour dénicher ce Bénito. Il espérait bien que ces informations soient justes et qu’il le trouve ce soir car rechercher un homme trop longtemps n’était jamais très bon et exposait à lui faire venir aux oreilles. Quoi qu’il en soit, il lui tomberait dessus. Mayan, Nord, Niners ou député de Calfornie… Personne n’avait nul part où se planquer avec lui, peu importe le temps et les efforts que cela prenait. Ce lac était une zone de deal plutôt cohérente, surtout la nuit. Désert de monde et loin des patrouilles de police concentrées en centre ville d’Oakland, le Son ne serait pas étonné de voir d’autres vices se tramer dans le coin comme des tapins. Bref, Duncan et ces hommes n’étaient là que pour ce putain de Mayan et après dix bonnes minutes de recherche, il repéra un type suspect.

Pas de blouson du MC mexicain sur le dos mais un teint latino suffisant à le faire venir vers lui pour en savoir plus. Duncan mima un client potentiel, en recherche de came et se rapprocha du dealer présumé pour lui demander si il avait quelque chose. Sa réponse lui confirma un peu plus qu’il avait à faire au bon gars. De la cocaïne oui… la même saloperie qu’il avait trouvé chez Kim. A sa question, le Son plissa machinalement les paupières pour ancrer son regard au sien, commençant à sentir le sang pulser dans ses veines avec cette idée de plus en plus pressante d’être bien face à celui qui avait refilée cette dope à sa femme… L’envie dévorante de lui creuser la mâchoire elle aussi… Heureusement, Duncan avait un certain art pour masquer ces émotions derrière un masque imperturbable et stoïque, froid comme la glace… Une glace qui était sur le point de casser et de s’exploser sous la colère qui bouillait en lui.

« Ouai… Un de mes potes m’a dit que je pourrais en trouver de la bonne par un Bénito dans le coin. » lui glissa-t-il avant de tourner la tête de gauche à droite successivement pour observer les alentours.

Toujours personne. Parfait. Il ne fallait pas y voir un goût prononcé pour la chasse et l’odeur du sang dans cette longueur, mais Duncan aimait bien déverser sa colère en règles. Lorsqu’il tabassait un type, il aimait prendre son temps. Pas forcément par plaisir mais par simple volonté de faire durer les choses pour que celui qui recevait ses foudres – ou celles du club – s’en souvienne suffisamment pour ne pas s’y réessayer.

« J’espère qu’il dit vrai… » ajouta-t-il en reportant son regard sur lui.